CONTRE
LE SEXISME : LE FEMINISME, UNE LUTTE ANTIFASCISTE
Ellil
faut d'abord savoir que le machisme n'existe pas depuis la nuit des
temps.
Les sociétés celtes étaient égalitaires,
le partage des tâches y était déjà appliqué.
Le machisme n'est arrivé qu'avec l'action conjuguée
du droit romain et germanique, le tout cimenté par le droit
canon.
Le mouvement
féministe, lui, existait déjà bien avant les
années 70. Ses premières traces écrites remontent
au moyen-âge, mais ses structures, ses ramifications et son
impact ont surtout eu des échos à partir des années
1970.

Le patriarcat
a tourné en dérision les revendications féministes
et les féministes elles-mêmes: Elles parlaient d'en finir
avec l'oppression machiste, le patriarcat a prétendu qu'elles
voulaient en finir avec les hommes.Il a tout fait pour discréditer
le mouvement féministe, et il y est partiellement parvenu:
aujourd'hui, ellil y a souvent comme une gène, voire une peur
du mot "féministe".
Nombre de femmes revendiquant leurs droits disent, génées:
"Je ne suis pas féministe, mais..." Pourtant, le
féminisme est l'une des plus belles, des plus saines, des plus
respectables
luttes de l'Histoire et aussi l'une des plus justifiées.
a) Le
féminisme, une affaire de femmes ?
Bien
sûr-e, au départ oui, mais par la force des choses, le
féminisme exigeant une modification des relations hommes/femmes,
les hommes sont aussi concernés et doivent accepter d'analyser
leur comportement, fruit d'une éducation des masses sociale,
culturelle et religieuse et de leur propre éducation familiale,
afin d'en saisir l'aspect discriminatoire et de l'éradiquer
pour un respect et un épanouissement mutuel. Cela dit, ellil
va de soi que concernant les initiatives du combat féministe,
les femmes sont les seules à mêmes de prendre des décisions.
Ellil est hors de question qu'un homme s'approprie la lutte, ce qui
ne serait alors qu'un sexisme déguisé, qu'une volonté
de garder le contrôle sur les femmes et leurs choix. Les hommes
peuvent prendre part au combat féministe mais sans prendre
de décision unilatérale. Le féminisme reste AVANT
TOUT la lutte des femmes et les hommes n'ont AUCUN DROIT de les en
déposséder.
b) "Qu'est-ce
qu'elles veulent ? Elles ont déjà tout !"
Et bien
non. Bon nombre de revendications attendent toujours d'être
appliquées: travail égal/salaire égal, le partage
des tâches, le congé parental pour les hommes égal
en durée à celui des femmes, la féminisation
du vocabulaire, l'abolition de la prostitution et de la pornographie,
l'égal accès aux différents métiers, une
information claire sur la contraception et l'avortement dans les lycées
et collèges, une loi punissant les propos sexistes, l'égal
droit de garde de l'enfant pour le père et pour la mère,
la fin des stéréotypes, ...
FEMMES/HOMMES
= DUALITE ?
a)
deux univers incompatibles ?
Le machisme repose sur l' idée dangereuse,
absurde, simpliste et dont il est lui-même l'auteur d'un dualisme
des personnes des deux sexes et la fabrication d'un apartheid social
et culturel qui commence par le simple fait de faire la distinction
entre filles et garçons dès la naissance.
En effet, pourquoi institutionnaliser cette différence ?
Pourquoi
préciser sur le formulaire si l'enfant est une fille ou un
garçon serait si nécessaire ?
Cela
ne fait que scinder l'humanité en deux parties distinctes,
scission qui n'a pas lieu d'être et qui conduit fatalement
à la division de l'espèce, et prépare simultanément
à une division des genres !

Aux
yeux du machisme, une femme doit être douce et l'homme dur,
une femme doit être émotive et un homme posé,
réfléchi, une femme doit être peureuse et un
homme courageux, une femme est censée être sensible
et un homme mesuré et froid, une femme doit être coquette
et parfumée et l'homme doit ne pas trop se préoccuper
de son physique et puer la sueur une femme doit porter les cheveux
longs et l'homme les cheveux courts, une femme une jupe et un homme
un pantalon, une femme doit s'occuper de la maison et ne pas travailler,
un homme est à l'extérieur, travaille, un homme est
censé avoir une grande libido, une femme, elle, doit ne pas
avoir de vie sexuelle ou même de fantasmes, une femme est
censée être le "sexe faible" et un homme
le "sexe fort", d'ailleurs ne parle-t-on pas de "sexes
opposés", "d'assaults" et de "conquètes",
et parfois même de "chasse".
Toutes
les personnes qui ne sont pas à la fois hommes et hétéros
sont les objets du rejet de la société patriarcale
et sont considérées comme inférieures: les
femmes, les bisexuel-les, les androgynes et les homos sont donc
les cibles favorites du patriarcat et de ses moutons de machistes.
Comme
disait Charlotte Bunch en 1975 "Dans notre société
qui définit chaque personne et chaque institution au bénéfice
du modèle riche, homme blanc, la Lesbienne est une révolte"
!

b)
Le machisme opprime principalement les femmes... mais aussi les
hommes !
Dans
l'éducation machiste, il n'y a qu'une victime: l'humanité.
Bien
sûr-e, les femmes sont la partie de l'humanité qui
souffre le plus du machisme. Mais le machisme est aussi l'ennemi
des hommes . Il impose à ceux-ci de ne jamais exprimer d'émotions
autres que la colère et l'autorité (ne jamais dire
avoir peur, ne jamais pleurer, ne jamais rêver, ne jamais
être ému, de ne jamais avoir de sentiments, de ne jamais
admettre de faiblesse, de ne jamais faire preuve de sensibilité,
de douceur ou de délicatesse -physiques ou psychologiques-
, etc... ), être toujours le meilleur, être autoritaire,
être hétéro, avoir des caractéristiques
physiques supposées "viriles" (des poils sur le
torse, une morphologie plutôt développée) sans
quoi le risque d'être traité de "pédé"
(comme si c'était quelque chose de dégradante). Bref,
d'être chiant ! Le patriarcat mutile. Il impose des normes
totalement arbitraires et une haine de tout ce qui n'entre pas dans
ses exigences. Et il crée une approche malsaine de la sexualité,
structurée sur un rapport de force, là aussi. On notera
que les insultes les plus prétendument dégradantes
pour les hommes relèvent de ce qui peut mettre en cause leur
"virilité". On retrouve alors les "viens si
t'es un homme" (phrase qui parfois donne le change avec "si
tu as des couilles !" - quelle originalité ! - ), "con/connard",
""enculé", "pédé"...
tous les noms qui sont censés être des insultes pour
la seule raison qu'ils ne rentre pas dans le cadre de ce qui est
prétendument masculin. Ce que souvent les hommes n'ont pas
encore bien compris c'est qu'en méprisant les femmes ou en
leur nuisant, ils se détruisent eux-mêmes, à
chaque fois davantage, psychologiquement. Le patriarcat a déjà
réussi à mutiler pour beaucoup leur sexualité,
y mêlant à la fois culpabilité, dégoût,
excitation et fascination.
En
quoi la virilité serait-elle valorisante ? Les "valeurs"
viriles sont des notions apprises à partir de l'idée
patriarcale du dualisme des sexes.
C'est
une aberration !
c)
Le porno et la prostitution
La révolution sexuelle aurait pu être quelque chose
de fondamentalement positif si la déconstruction des genres
l'avait précédée. Malheureusement la révolution
sexuelle est partie de la société patriarcale, et
a donc évolué dans ce sens. En effet, les femmes et
les hommes devaient avoir plusieurs partenaires des deux sexes.
Tout cela serait bel et bien s'il s'agissait bien du libre choix
de chacun-e. Le problème est que ce ne fut pas le cas: les
femmes et les hommes étaient obligé-es d'avoir ce
train de vie pour ne pas être taxé-es de bourgeois-es,
de coincé-es et être hué-es... et lorsqu'elles
et ils adoptaient ce train de vie, les vieilles insultes misos refaisaient
surface: "salope", "pute"... Cela ne serait
jamais produit si la révolution sexuelle était partie
sur les cendres du patriarcat, sur une prise de conscience, sur
la déconstruction des genres.
Le
porno, prétend être la continuité de la libération
sexuelle. ellil n'en est rien. En réalité, le parcours
du porno est complètement indépendant de la libération
sexuelle. Les photos porno existaient longtemps avant mais c'est
sous la révolution sexuelle que le porno a connu un essor
et une reconnaissance quasi officielle. Disons que jusque là,
les photos se passaient sous le manteau. En revanche, depuis la
révolution sexuelle, le porno a pu paraître au grand
jour (au début plus ou moins "soft", puis au fur
et à mesure, de plus en plus violent (jusqu'aujourd'hui où
il n'est pas rare que le porno propose carrément des scènes
de viols, de mutilations, de scatologie etc... ) mais le principe
fondateur a toujours été dégueulasse dans le
porno, comme dans la prostitution, les deux consistant à
exhiber (prostituer venant du latin "prostituere", signifiant
"exposer"), à considérer le corps comme
une marchandise, comme d'un produit que l'on peut choisir, dénuder,
utiliser comme un objet masturbatoire, et faire endurer toutes sortes
de pratiques directes ou indirectes, moyennant finances, directes
ou indirectes). Le problème que les féministes ont
avec le porno, ce n'est pas de montrer des personnes nues (les revendications
abolitionnistes des féministes ne sont pas pudibondes ),
mais le fait de faire un marché sur la misère économique,
affective et émotionnelle de personnes dont le choix n'a
finalement pas été véritablement possible,
ceci ajouté à un autre problème: le message
ultra-violent et misogyne que passe le porno depuis son concept
de base jusqu'aux photos elles-mêmes.
Le
porno et la prostitution sont la même chose, et en même
temps deux domaines légèrement différents...
En fait, l'un alimente mais et forme un tout avec l'autre. C'est
un peu la bête à deux têtes (cf. la rubrique
sur la prostitution )
La
prostitution, c'est l'école du viol !
Le
corps n'est pas une marchandise (et ne doit pas le devenir) !
De plus, ellil est bon-ne de savoir que la grande majorité
des prostitué-es ont été elleseux-mêmes
victimes de viols dans leur enfance et/ou des personnes en fugue
ou ayant fugué et/ou dépendant de drogue-s au moment
de leur prostitution (besoin d'argent pour se payer sa dose). Il
est donc malsain et glauque de jouir de leur malheur !
Plus
discret, moins cher, moins lourd de conséquences sur la vie
et la santé du consommateur * de prostitué-es , le
porno EST de la prostitution. Le schéma est le même,
et aussi bien protégé par le patriarcat et ses coutumes
barbares. Le porno tient un discours avilissant de la personne et
a ceci de nouveau par rapport à la prostitution:il n'y a
pas de contacts directs, de personne active on devient passive,
la culpabilité du geste est donc supprimée ou du moins
minimisée (car il y a toujours une phase active aussi minime
soit-elle), c'est une démarche assez sournoise mais au final,
le schéma reste le même: la personne qui est prostituée
n'est pas payée par le consommateur pour coucher avec lui,
mais elle est payée pour coucher avec une autre personne
(qu'elle ne connaît ou n'apprécie pas particulièrement,
voire la hait) sous les yeux du consommateur et pour le consommateur.
Le schéma est donc le même, le sentiment de culpabilité
en moins.De la même façon, un homme "normalement
constitué" était à l'époque censé
voir des prostituées, aujourd'hui le patriarcat prétend
qu'un homme "normalement constitué" est censé
voir du porno ! Alors bien sûr, il n'y a pas que les hommes
qui voient du porno...mais le schéma reste le même
et le porno reste de la prostitution.
"Peu
à peu, les revendications féministes sont dévoyées
par le lobby de l'industrie du sexe: le droit à disposer
de son corps devient le droit de le vendre, le "droit de se
prostituer" est assimilé à une expression de
liberté. Le "marché du sexe" manipule la
sexualité pour encourager la demande (pornographie, tourisme
sexuel), cherchant aujourd'hui à créer une demande
féminine. Le système est alors verrouillé:
plus de victime, plus de bourreau. Chacun-e exploite chacun-e, c'est
l'égalité enfin réalisée !" **
La prostitution et la pornographie sont les plus sûrs moyens
de se déposséder de son corps, elles sont une atteinte
évidente à la dignité humaine et elles consolident
les bases les plus fondatrices du patriarcat qui, je le répète,
nuit fondamentalement aux femmes (à TOUTES les femmes) et
aux hommes (à TOUS les hommes), réduisant ici les
personnes à des "vides couilles" ,-pardonnez la
vulgarité de mes propos, mais c'est très exactement
le schéma- à des poupées vivantes, en somme
à de simples objets et les autres à des bêtes
qui auraient un incontrôlable besoin de faire leur vidange
! Comme le dit la ministre suédoise de l'Egalité des
sexes, Margaretha Wimberg "Traiter une personne comme une marchandise,
fut-ce avec son consentement, est un crime". Ce n'est pas ainsi
que l'on résoudra les problèmes de cette société
(au contraire, cela les accentue en les légitimant !) et
c'est à l'examen de cet ensemble de faits que les féministes
européen-nes ont choisi l'abolition de la prostitution et
de la pornographie.
Les
féministes ne sont pas contre les prostitué-es, qui
sont des victimes directes ou indirectesdu système patriarcal,
mais contre la prostitution (fer de lance de celui-ci). Nuance de
taille.
La
prostitution n'est ni un péché, ni un travail, mais
une violence infligée aux femmes par les hommes, et elle
doit être à ce titre réprimée par l'Etat.
"La
normalisation de la prostitution dans le champs social rend de plus
en plus opaques les dommages subis par les personnes prostituées.
Si la violence est à peine dénoncée quand elle
est visible (trafics de femmes et d'enfants), l'atteinte aux droits
humains et l'abus inscrits au coeur même du rapport prostitutionnel
ne sont jamais abordés, sinon par des mouvements féministes
ou des associations comme le Mouvement du Nid: anesthésie
émotionnelle, dissociation schizophrénique, sentiment
d'insécurité, peur constante, insultes, dégoût,
destruction de l'image de soi. Le silence recouvre la lente et profonde
dégradation de la
vie sexuelle et affective des prostitué-es. La prostitution
constitue une violence inaperçue, comme le furent longtemps
d'autres violences (viol, inceste, violences conjugales)."
**
Alors
les défenseuses et défenseurs du porno et de la prostitution
disent que cela évite de plus grands vices que c'est un moindre
mal, voire un mal pour un bien. Rien de plus faux: le porno et la
prostitution dégradent les femmes et les hommes. Traitant
celles-ci avec mépris et violence, prétendant que
ceux-là sont sujets à des pulsions incontrôlables
(limite épileptiques), les propos tenus par les défenseuses-eurs
de la prostitution pour ces fameuses "pulsions" incontrôlables
et du porno étant d'ailleurs souvent employés par
les violeurs et les fondamentalistes religieux pour justifier leurs
actes ! Une féministe avait lors d'une réunion militante
dit avec beaucoup d'humour et raison:"Soit les hommes ont réellement
de terribles pulsions dont ils ne sont pas maîtres, en ce
cas, les laisser accéder à des postes à responsabilités
dans la société est une folie soit c'est un mensonge,
alors finissons-en avec cette mascarade."
Le
Dictionnaire Critique du Féminisme clôt très
brillamment ce chapitre en disant: "La prostitution a trop
longtemps été la "fatalité" des femmes,
entérinant l'idée que leur corps est perpétuellement
disponible pour le plaisir de l'autre, qu'elles sont des êtres
de "nature" soumis à leur sexe, voués au
service et au mépris, assujettis aux soi-disant
besoin des hommes, exclus du règne de la pensée et
de la culture. A l'aube du XXIème siècle, comment
lutter pour la parité sans combattre la prostitution ?"
**
(*
Nous utilisons le terme "consommateur" pour parler du
client des prostitué-es en
reprenant l'expression britannique "consumer" . Le terme
poli et respectable de "client"
lorsque l'on parle de prostitution n'existe pas en Angleterre .
"Consumers"/consommateur"
au moins ça recadre bien les choses, c'est bien plus péjorativif.)
(
** citations issues du Dictionnaire Critique du Féminisme,
Edition Presse Universitaires
de France, 2000)
d)
Sexualité: entre tabou et porno
Le
tabou de la sexualité (merci les religions ! ) fait que l'on
a à l'école bien peu de cours d'éducation sexuelle,
les quelques rares cours dispensés portent sur la procréation
(limitant donc le sexe à un rôle reproducteur et non
au plaisir ! ). Les élèves n'ont donc aucun repère
à un âge où l'on commence à ressentir
du désir et, ne pouvant pas non plus se tourner vers leurs
parents ( tabou de la sexualité, là aussi ), cherchent
des informations sur la question par le prisme de la pornographie,
et reproduisent donc les schémas de celle-ci... Ce qui fait
qu'après on entend parler de viols collectifs dans les caves
des cités, de filles attachées, bâillonnées
sur lesquelles urinent des garçons, et globalement de comportements
sexuels violents en sphère privée dont les femmes
sont principalement les victimes.
TOUTES
les violences dont sont victimes les femmes ont pour conséquence
et but (avoué ou non) commun-e la destruction physique, psychologique
et émotionnelle des femmes. Ellil ne sera donc pas de trop
de parler d'un véritable gynécide !
"La
domination masculine, comme toute domination, est structurée
sur l'opacité des pratiques des dominants"
(
Weltzer-Lang, 1996)
LES
GENRES: UNE MUTILATION GENERALE
Contrairement
aux idées reçues, la guerre des sexes n'a pas été
initiée par le féminisme mais bien par le patriarcat
en fondant de véritables clivages entre les hommes et les
femmes, et des rapports de forces et de différenciations
(discriminations) dès le jeune âge dans tous les domaines
de notre quotidien: le patriarcat créé les genres.

a) dans les contes
La
belle et faible princesse est maintenue prisonnière dans
un donjon (appartenant le plus
souvent à une vilaine sorcière bien répugnante,
on notera au passage que l'on ne parle
JAMAIS de sorcier, la profession de ceux-ci et mieux acceptée
que celle, absolument identique,
de leurs consoeurs ), la princesse attendant patiemment qu'un bon
prince vienne la délivrer (message: la princesse représentant
pour les enfants des deux sexes la femme, avec le rôle qui
est censé lui incomber: être belle, passive, faible,
attendant d'une délivrance qui viendra par le prince -l'homme-
sans qui elle ne peut rien). Le prince (l'homme), lui décide
de délivrer la princesse en bravant les dangers,en défiant
les monstres et la mort (message: le prince définit les qualités
censées être détenues par l'homme: le courage,
la bravoure, la force, l'intégrité, la loyauté...).
On notera au passage qu'à aucun moment le
prince ne pleure ou n'a peur, tandis que la
princesse, elle, verse souvent des rivières de larmes (message:
les garçons ne pleurent pas,
les filles oui ).
Lorsque
le prince est vainqueur des monstres, ayant bravant tous les dangers
et vient délivrer la princesse (c'est la fin de l'histoire),
elle flashe évidemment littéralement sur lui et lui
sur elle
(car naturellement le prince n'est pas gay ni la princesse lesbienne,
et même hétéros,
il semble logique pour le conte qu'elle et lui se
plaisent...
Et
bien sûr, entre la princesse et le prince, aucune amitié
n'est possible
(message: l'amitié fille/garçon ou garçon/fille
n'existe pas. Le seul rapport possible est d'ordre amoureux.).
D'ailleurs
le prince ne s'est jamais demandé si la princesse n'avait
pas déjà une copine ou un copain. En fait, cela lui
est bien égal (message: la femme est toujours disponible
ou, si elle ne l'est pas, il n'est pas bien important de se poser
la question).
C'aurait
pourtant été sympa un "Désolé mon
coco, t'es pas mon genre, mais on reste ami-es". Au lieu de
ça, on nous raconte la fin suivante "Et ils vécurent
heureux et eurent beaucoup d'enfants" ou "Et ils se marièrent
et eurent beaucoup d'enfants". (message: Bien sûr, l'aboutissement,
l'apothéose, le point culminant d'une relation c'est la procréation).
Et si elle ne voulait pas d'enfants ou ne pouvait pas en avoir ?
(message: une femme peut et veut forcément avoir des enfants.
C'est le fameux instinct maternel que sont censées avoir
toutes les femmes selon le point de vue machiste).
Et
l'on nous laisse imaginer la suite de ce somptueux rêve :
la princesse torche les gosses, fait la vaisselle, le ménage,
lave le linge, met la table, prépare le repas et couche les
gosses pendant que son benet de mari (qui a pris de la brioche depuis
qu'il ne combat plus monstres et dragons et passe son temps à
la taverne du coin à écumer le vin et la bière
avec ses copains -princes des autres contes- ) scotche devant le
feu de la cheminée, confortablement installé dans
son fauteuil, un journal à la main ouvert à la page
des résultats des sports et un pack de bière dans
l'autre en pestant contre les femmes en ponctuant par des "Quand
est-ce qu'on mange ! J'ai faim, moi !!!" et la bat de temps
en temps ...
b)
dans les mots
Le
fait que l'on nous ait apris dès notre jeune âge cette
règle de grammaire complètement
stupide et dualiste selon laquelle le masculin l'emporte sur le
féminin éduque nos esprits
C'est une humiliation subie par les femmes admise et assimilée
par les femmes et les hommes devant le reste du monde. Cela participe
activement à l'assujetissement des femmes par le patriarcat.
C'est une discrimination institutionnalisée et tellement
assimilée qu'on ne la
remarque même plus. C'est pourquoi l'une des revendications
féministes est la féminisation
des mots.
Une
féministe avait dit une chose qui m'avait choqué mais
ô combien exacte (hélas):
"il peut y avoir une phrase qui parle de 100 femmes et un chien,
on dira "ils".
Par la seule appartenance du chien au sexe masculin, il l'emporte
sur 100 personnes humaines de sexe féminin" (!!!) .
Le sexe masculin l'emporte dans tous les cas de figure grammaticaux.
Jusqu'à ce que l'Académie Française réforme
la langue et y introduise des pronoms personnels et des adjectifs
neutres lorsque l'on parle d'un groupement de femmes et d'hommes,
ellil est donc important-e de ne pas reproduire le schéma
et de revendiquer cette égalité EGALEMENT au niveau
des mots en préférant elles et ils (ou ellesils),
celles et ceux (ou cellesceux), heureuse-eux (ou heureuseux), chanteuse
et chanteur (ou chanteuseur), etc... à l'accord invariablement
masculin et la féminisation des noms de métiers (qui
étaient trop longtemps considérés comme des
métiers d'hommes): femme écrivain = écrivaine,
femme plombier = plombière, femme chauffeur = chauffeuse,
femme professeur = professeuse, femme pompier = pompière,
femme auteur = autrice, femme metteur en scène = metteuse
en scène, femme concepteur = conceptrice, etc...
Dans les administrations comme l'ANPE, une directrice signe parfois
(souvent) "Mme Le Directeur"... elle pourrait dire "Mme
La Directrice de l'Agence", ce n'était pas un défaut,
ce n'était pas abaissant...
En
laissant des noms exclusivement masculins à des métiers
qu'occupent des femmes,
cela revient à dire qu'elles occupent des métiers
d'hommes et qu'elles n'y ont pas vraiment
leur place, que c'est à titre provisoire, alors que les femmes
y ont tout autant le droit que
les hommes.
  
On
notera que dans l'ordre des mots, l'homme passe curieusement SYSTEMATIQUEMENT
devant la femme: père et mère, frère et soeur,
mari et femme, garçons et filles....
Trop fréquent pour être le fruit du hasard !
D'ailleurs,
en passant, nous devrions penser à remplacer "Liberté,
Egalité, Fraternité", par
"Liberté, Egalité, Solidarité" ce
qui sonne plus juste, plus beau, plus égalitaire et moins...
valeur familiale !
c)
dans les insultes
On
notera aussi que les insultes pour les femmes et pour les hommes
diffèrent, et CA AUSSI, c'est à changer. Certains
mots sont à érradiquer de notre vocabulaire.
Con,
connard, connasse, connerie, déconner... tous ces mots ont
pour éthymologie le mot con qui signifie "vagin".
Certes le mot n'est plus très souvent employé en ce
sens (et heureusement car ce mot n'est franchement pas le plus joli
que l'on ait pu trouver) mais on l'utilise quand même et couramment
avec le mot "cunnilingus". Notons que le patriarcat a
réussi à faire que "con" soit probablement
l'insulte la plus violente, la plus méprisante et la plus
injurieuse du vocabulaire français !
Le
mot "pouffiasse" ou "pétasse" n'a pas
lieu d'exister car il n'existe pas au masculin.
D'autant que cette insulte est précisément sexiste.
Les deux mots ne signifiant rien d'autre que "pute". Et
les merdeux qui traitent les femmes (ou même une seule) de
putes ne sont-ce pas de fiéfés misos ? On remarquera
que le mot "pute" est un mot qui revient souvent dans
la bouche des misos. Ellil faut croire qu'ils ont de sérieux
problèmes avec leur propre sexualité. Cela s'illustre
parfaitement par le simple fait que ceux-ci sont justement la plupart
du temps eux-mêmes fervents "consommateurs" de prostitué-es.
La
même dimension, on la retrouve dans le mot "salope"
qui ne s'écrit pas pareil pour les garçons ("salaud")
et pour les filles ("salope") et qui n'a pas le même
sens.
Egalement
dans le même registre "trainée" qui n'est
jamais employé pour un homme et hélas (trop) souvent
pour une femme. C'est qu'aux yeux du patriarcat, les femmes n'ont
pas le droit d'avoir une libido. Elles sont bien vite taxées
de "nymphomanes" (encore un mot que l'on n'emploie pas
pour les hommes) et montrées du doigt. Alors que les hommes,
eux, ont (selon le machisme) droit à toute la libido qu'ils
veulent (c'est même obligé). Un homme qui en aurait
peu serait taxé d'impuissant, de sous-homme, etc... Les misos
qui prônent la différence des genres ont eux-mêmes
un regard très perverse sur la sexualité , et accusent
les femmes d'en être responsables... Comme c'est pratique...
et
faux-cul !
DECONSTRUCTION
DES GENRES
Le
principe de la déconstruction des genres est, bien entendu,
la remise en question des "sexes fabriqués"
Les
genres: des normes imposées !
La
question est de savoir à partir de quand, à partir de
quoi et pourquoi a-t-on fait les genres...
Le
genre commence à la naissance. Par le simple fait de voir le
sexe de l'enfant et de noter s'il s'agît d'une fille ou d'un
garçon. C'est déjà instaurer la différenciation
qui servira de tremplin aux normes fabriquées. C'est déjà
étiqueter, cataloguer, envoyer dans "l'usine de fabrication
des filles ou dans celles des garçons" . Tout ceci à
partir d'une simple différence physique. Ne vous est-il jamais
arrivé de vous demander pourquoi notait-on le sexe de l'enfant
à sa naissance ? Je n'arrive pas, jusqu'à présent
à trouver la moindre réponse.
Ne
serait-ce pas là le début d'un certain appartheid social
?
S'en
suit le prénom, comme pour graver de manière indélébile
la personne dans sa condition (et dans son futur conditionnement)
de fille ou de garçon. Pourquoi faire des prénoms féminins
et des prénoms masculins? Pourquoi Cécile, par exemple
ne pourrait pas être le prénom d'une fille mais aussi
celui d'un garçon ? Pourquoi Patrick ou Gaëtan ne pourraient
pas être aussi bien des prénoms féminins que masculins
? Cela confirme le principe fondateur de l'éducation machiste
qui, une fois encore, repose sur un dualisme des personnes des deux
sexes par leur opposition (ce qui est masculin ne peut être
féminin, ce qui est féminin ne peut être masculin).
Abolir les prénoms sexués et donner une éducation
commune aux filles et aux garçons, favorisant leur épanouissement
intellectuel, leur sensibilité, leur créativité,
acheter aussi bien une trousse à maquillage pour les filles
et les garçons que des petites voitures, faire porter des jupes
et des pantalons aussi bien aux garçons qu'aux filles, bref,
s'éloigner des schémas patriarcaux révolutionnerait
nos vie et les rapports entre les hommes et les femmes qui ne seraient
alors plus conflictuels mais solidaires et
complices.

Cela
fait peur ?
Mais
qu'est-ce qui fait peur exactement ?
Que
tout le monde se ressemble ? Personne ne ressemblera à personne
d'autre qu'à soi-même.
Chaque
personne pouvant enfin être qui et comme elle veut, nous serons
donc, au contraire, bien plus divers-es...
Peur
d'une confusion sexuelle ?
Et bien si c'est le cas, c'est que l'hétérosexualité
est une notion bien plus fragile et pas si "naturelle" que
ce que l'on croit... et en ce cas, encore une barrière construite
à abattre. Et si ce n'est pas le cas, alors ... pourquoi se
poser la question ?
Peut-être
pensez-vous "les FURI-ES voudraient changer les filles en garçons
et les garçons en filles". Et bien non : ellil ne s'agît
pas de renverser le schéma, ce qui serait tout aussi stupide
que de le conserver, mais justement d'en sortir, d'abbattre les barrières
construites. Peut-être est-ce que ça fait peur parce
que cela révèle combien toute cette division, toutes
ces différences construites (qui ne sont en fait qu'une uniformisation
en deux blocs: des filles d'un côté et des garçons
de l'autre, sont inventées arbitrairement et perpétrées
par nous-mêmes parce que nous n'y avions même pas réfléchi
et qu'en réalité, nous sommes bien plus proches et uniques
à la fois que l'on voudrait nous la/le faire croire.
Peut-être
aussi le fait que l'on se soit trompé-es depuis tant de siècles,
c'est de prendre conscience qu'en tout ce temps, la nature humaine
a beaucoup réfléchi à la manière de tirer
un maximum de profit en tout et en tout le monde, mais ne s'est jamais
remise réellement en question. Tout est cependant encore possible
(et là vous pensez "oui mais si je fais ça, que
vont penser les gens ?"). Et le drame c'est que tout le monde
a peur de cela tout le monde attend que l'autre se lance la/le 1er-e,
même en sachant le désastre qu'implique la perpétuation
de l'éducation sexiste, cette division et fabrication des sexes.
Ellil faudrait commencer à vivre et agir en notre nom, peu
importe ce qui peut se dire. Les mauvaises langues se fatigueront
bien vite.
Et
puis, pensons un peu au delà de notre personne, ellil y a des
enjeux dans la vie AUTREMENT PLUS IMPORTANTS que nous.
De
plus, beaucoup n'attendent qu'un point de départ, une initiative,
pour suivre le mouvement.
La
déconstruction des genres, ce n'est pourtant pas si compliqué-e.
C'est
même très simple: c'est l'écoute.
L'écoute
d'une personne (y compris soi-même) pour QUI ELLE EST, et non
pour qui elle est supposée être à cause du genre
qui correspond au sexe auquel elle appartient, l'écoute de
ses choix réels , sans prendre la liberté de les guider
vers une norme ou une autre.
Nous
pouvons et devons désapprendre ce que l'on nous a appris.
POUR
COMMENCER, AGISSONS NOUS-MEME !
Car
c'est par nous que tout commence !
La
déconstruction des genres, c'est:
-
La prise de conscience que nos repères traditionnels sont arbitraires
et discriminatoires.
-
La liberté fondamentale de la personne de choisir qui et comme
elle veut être
-
Le respect fondamental de la personne, l'affranchissement de chacun-e
sur les normes imposées, c'est l'affirmation de soipour une
société plus riche, plus diverse, plus variée,
le triomphe de la personne, de TOUTES les personnes, sur leur négation,
sur les "sexes fabriqués",
-
c'est l'affirmation de notre droit à l'existence et à
nos différences propres, et non fabriquées par d'autres
...

DE
L'ANTI-PATRIARCAT
Au
seul fait d'être des femmes, TOUTES les femmes, dans le monde
entier subissent une oppression.
Une oppression qui a précédé toutes les autres
formes d'oppressions mais dont nous pouvons briser le cycle. Les mouvements
féministes puis les mouvements antifascistes suivis des simples
partis politiques (bien que ces derniers font preuve d'une volonté
assez molle et peu sincère en la matière) ont commencé
à sérieusement fissurer cet édifice. Son nom
? Le patriarcat.
Il opprime pourtant encore les femmes dans la sphère politique,
économique, culturelle, sexuelle et sociale. Les actes de violences
à l'encontre des femmes sont la racine de l'ordre patriarcal.
Ces violences se manifestent de différentes façons mais
ont toutes pour finalité la consolidation du patriarcat et
la soumission des femmes. Quelles sont ces violences ? Mutilations
génitales, harcèlement moral, harcèlement sexuel,
viols, violences domestiques, mariages forcés, sévices
sexuels, médication abusive, exploitation et marchandisation
des corps (prostitution et pornographie) contraception imposée
ou refusée, stérilisations et interruptions de grossesse
forcées ou interdites, gynécides, images dégradantes,
insultes à caractère sexuel (autant dire presque toutes
les insultes existantes), l'ensemble de ces formes de violences constituent
un crime contre l'humanité dont un jour prochain les auteurs
(directs ou indirects) devront rendre compte devant un tribunal et
faire réparation.
Le
viol
Le
viol, c'est l'appropriation du corps de la femme comme un objet, c'est
considérer qu'il est dépourvu d'esprit, d'émotions,
qu'il est juste une carcasse vide destinée à assouvir
le plaisir de l'homme.
Bien
plus d'hommes sont responsables de viol qu'on ne le dit, car le viol,
ce n'est pas seulement seulement un inconnu qui agresse une fille
et la viole dans une ruelle sombre et sordide ou dans un bar. C'est
aussi le petit ami qui veut que son amie lui fasse des faveurs sexuelles
contre sa volonté sous un chantage plus ou moins déclaré
ou suggéré, selon le cas. Contrairement aux idées
reçues, beaucoup de filles n'apprécient pas la fellation
ou la sodomie et la pratique devant l'insistance de leur soit disant
petit ami, beaucoup de femmes font l'amour à un moment où
elles n'en ont pas réellement envie, juste de peur de perdre
ou de décevoir son ami ou (encore une fois) devant l'insistance
de celui-ci. C'est aussi un viol. Ces messieurs se sont-ils sincèrement
assurés que c'était bien le moment et la position sexuelle
que leurs amies veulent ou n'ont-ils pensé qu'à leur
petit plaisir perso ? C'est une question que chaque personne, fille
et garçon devrait se poser. Bien sûr-e, juridiquement,
ce n'est pas reconnu comme un viol, pourtant c'en est bien un si le
garçon ne s'assure pas de ne forcer, en aucune façon,
le consentement de celle qu'il est supposé aimer.
Le
mariage forcé
Contrairement
aux idées reçues, le mariage forcé existe encore
en France. Dans certaines familles bourgeoises on martèle les
filles l'idée qu'elles doivent assurer l'"honneur
de la famille" en épousant (vivre avec une personne
sans se marier n'est même pas envisagé) un homme riche
et de situation sociale dominante (médecin, avocat, notaire,
etc...) . On enseigne à ces jeunes femmes que c'est leur destinées,
que cela fait partie des devoirs d'une femme. Savoir qu'une autre
vie est possible, c'est déjà remettre en question son
éducation, ce qui n'est pas toujours une chose très
facile, c'est un déchirement, et la peur d'être rejetée
par sa propre famille exerce une pression psychologique et un chantage
affectif ENORME sur la jeune femme qui bien souvent finit par céder
et se retrouver dans les bras d'un homme qu'elle n'aime pas, avec
des enfants sur les siens (ce qui rejoint le
principe d'accorder des faveurs sexuelles par consentement forcé
-cf. le viol). Une vie
saccagée par le poids de la famille.
Exploitation
et marchandisation des corps
Par
réaction à l'obscurantisme religieux ou aux idées
conservatrices, certaines personnes (femmes et hommes) voient dans
le porno une forme de libération sexuelle ou un affranchissement
de l'éducation machiste et paternaliste qu'elles ont subi.
C'est un piège. Elles cautionnent sans le savoir l'autre facette
du patriarcat qui cantonne les femmes dans un rôle d'objet sexuel,
ne les reconnaissant que comme objet destiné au plaisir des
hommes. Faisant miroiter l'idée fausse que le seul pouvoir
qu'elle peuvent acquérir est par la résignation ou par
le sexe (ce qui revient en fait au même, puisque cela implique
le fait de n'être perçue que comme une personne disposée
à servir les appétiits sexuels de Monsieur et non comme
une personne à part entière). Les femmes souffrant déjà
beaucoup trop d'être déshabillées des yeux lorsque
le contexte ne s'y prête pas (lieu de travail, dans la vie de
tous les jours) et les personnes non plus (toutes celles dont elles
refusent de peupler les fantasmes), ne sont pas réellement
écoutées mais pensées en terme de position sexuelle
, ce qui de fait, les met à nouveau face à un mur de
silence et d'incompréhension. L'homme en face d'elles qui prétend
les aimer, mais ne pense qu'à les courir, qui prétend
les respecter, mais qui se fait juge et père de temps en temps,
a un mépris assez singulier à leur encontre et baffoue
du même coup tout l'aspect humain dû à ces femmes;
leurs compétences professionnelles, leurs qualités humaines,
leur vécu personnel, aux oubliettes.
L'autre
aspect du problème est l'idée que l'homme peut "acquérir"
une femme, comme on acquiert une chose, en lui offrant un poste dans
l'espoir de profiter d'elle (avec promotion canapé, droit de
cuissage, harcèlement sexuel inclus dans le contrat qui n'existe
que dans la tête de l'employeur), en achetant le corps de cette
femme par journal ou photo interposée ou directement (comme
c'est le cas dans la prostitution) et que l'on peut "acquérir"
une femme lorsqu'on acquiert un objet ("il a la voiture/moto/l'argent,
il aura la femme")
LE
CHOC DES IMAGES
a)
Le publisexisme
L'image.
C'était un thème important à aborder sur ce site
à une époque où l'image a un rôle prépondérant,
où chacun-e de nous se retrouve persécuté-e par
elle d'une façon ou d'une autre (que ce soit l'image au sens
propre comme au figuré), nous sommes dans une société
de l'image. Nous ne comprenons, nous n'entendons, nous nous représentons
le monde par des images. Souvent fausses, parfois vraies. L'image,
dans la société actuelle est une arme redoutable.
Les
publicitaires utilisent cette arme pour nous vendre leur camelote...
et pour véhiculer un message la plupart du temps dégueulasse.
Leur cible préférée? Les femmes. La publicité
est le principal vecteur de violences à l'encontre des femmes
avec le porno. Les publicitaires, la plupart du temps des vieux fossiles
phallocrates imbus de fric et de pouvoir, se croyant artistes et avant-gardistes,
alors qu'ils ne sont que les vestiges d'un monde gris et poussiéreux
s'en donnent à coeur joie en faisant des campagnes complètement
misos, jouant sur le oppressions patriarcales dont ils sont les plus
fervents défenseurs. On pouvait lire dans les publicités
des années 50 "Pourquoi
les femmes ont d'horribles rides ?" (pour une crème
anti-rides), ou encore "Ah!
Ce regard des Hommes... c'est dans ce regard que la femme lit la cruelle
vérité ou la promesse du bonheur. Toujours en quête
d'un visage frais et jeune, celui-ci se détourne s'il voit
un teint jaune, une peau ridée. L'homme cherche sans cesse
une jolie carnation et redoute les surprises du maquillage, aussi,
une vraie femme a-t-elle recours à la cure de beauté
des deux Crèmes Siamoises" pour des crèmes
de jour/nuit ou encore, dans les années 60 "...
et en plus, elle ne fait pas de faute d'orthographe !" pour
une machine à écrire. On y voit une secrétaire
en 1er plan et deux hommes en second plan la regardant, l'un d'eux
souriant, la tête proche de l'autre comme pour raconter quelques
"fines" blagues masculines. Dans une autre pub:
"Comme elle est SOTTE : elle passe des heures à arranger
ses cheveux mais... elle a le Nez Brillant" Ou plus
récemment, "Je
suis vierge, et vous ?" de Bolero, montrant une femme
en string, de dos, le pantalon baissé montrant ses fesses,
le regard tourné vers l'objectif, "
Célio: c'est l'homme" où l'on voit
un homme entouré de deux femmes en maillot de bain, "Je
la lie, je la fouette et parfois elle passe à la casserole",
pour la crème fouettée Babette, ou des publicités
dont le message est exclusivement visuel comme la dernière
campagne de La Poste pour la lettre suivie où l'on voit une
femme en T-shirt avec l'étiquette - code barre du suivi sur
le bras (message suggéré les femmes sont des marchandises),
ou encore Sisley où l'on voit une femme boire du pi d'une truie
(avec du lait sur la joue et les lèvres (image "à
peine" suggestive, la métaphore du lait est assez facile
à saisir ...) - ellil y a, bien sûr-e, bien d'autres
slogans publicitaires assassins. A l'heure où vous lisez ce
textes, trois ou quatre autres campagnes publicitaires sexistes ont
probablement déjà commencé.
Aujourd'hui,
en occident, une personne subit plus de 2 500 publicités PAR
JOUR ! La publicité marque l'inconscient aussi bien que le
conscient. Le parcours de l'oeil est pensé, organisé,
guidé à l'avance. Dans une affiche publicitaire, tout
est conçu-e et prédéterminé-e, rien n'est
laissé-e au hasard, depuis la taille de la typo jusqu'à
l'image globale, en passant par le style typographique, la couleur
des lettres, le texte, son emplacement par rapport à l'image,le
logo, la couleur de fond de l'affiche, les conséquences sur
l'inconscient... tout est passé au peigne fin. Les publicitaires
savent très bien ce qu'ils font et ils le font en s'appuyant
sur des travaux sociologiques, psychologiques, etc. afin PRECISEMENT
de toucher l'inconscient des gens. Donc, si vous entendez dire que
la publicité est une manipulation, sachez que c'est bien le
mot qui convient, qu'il n'est aucunement exagéré ni
excessif et qu'il reflète une réalité, qui fait
peur peut-être, mais une réalité quand même).
La
publicité n'a d'ailleurs jamais cherché l'épanouissement
ou même le bien être des gens. Bras droit du capitalisme,
tout comme lui, elle sait que des personnes épanouies et heureuses
sont des personnes qui consomment peu.
"Il
apparaît aussi, et ce avec une ampleur jamais encore égalée,
que la publicité est l'un des vecteurs les plus directs et
les plus violents du patriarcat. Toutes les normes sexuées
(sexistes?) sont chaque jour martelées dans les esprits. La
publicité participe activement à la construction des
genres féminin et masculin, véritables carcans sociaux
apposés sur les individu-es. Combattre les publicités
sexistes est donc un moyen de rompre avec l'impunité des images
du patriarcat. Il nous faut rompre avec les poncifs relativistes qui
prétendent que tout se vaut, que la publicité n'est
qu'une question de goût et que tous les goûts étant
dans la nature, combattre la publicité est une censure dirigée
contre la liberté de chacun-e. C'est la publicité qui
s'attaque à la liberté de chacun-e." La publicité
n'exprime rien si ce n'est l'existence du produit et ses messages
sexistes. Elle ne saurait EN AUCUN CAS être assimilée
à de l'art, ou de la culture, ou même à un échange
de points de vue. Ellil n'y a d'ailleurs pas de discussion puisque
ces affiches et spots nous sont imposées.
Notre seule possibilité de réponse c'est la dégradation
de ces affiches par déchirement, par gaffitis, pas autocollants,
bombes de peintures ou par arrachage. C'est un cas de légitime
défense.

On
pourrait penser que Aubade ou autre entreprise de sous-vêtements
féminin aurait plus le droit que d'autres d'exposer des photos
de femmes en petites tenues étant donnée la nature de
ses articles. En fait, leur approche n'en est pas moins sexiste: les
corps des femmes de ces affiches sont tous retouchés par ordinateur
pour gonfler une poitrine, d'amincir une silhouette et d'affermir
des fesses, ensuite les publicitaires virent ce qu'ils jugent obsolète:
limitant les femmes à un tronc seins-sexe (éducant ainsi
le regard de ces messieurs, et réduisant ces dames à
ces seuls attribus. Notons que la position est la plupart du temps
pour le moins équivoque et le slogan insultant. Bref... une
véritable offensive sexiste.
Les
publicités peuvent être sexistes plus ou moins ouvertement
Ainsi, la campagne Barbie/Action Man est intrinsèquement sexiste
par le fait qu'elle érige les critères de beauté
de Barbie comme des objectifs à atteindre, participant ainsi
à la fabrication d'objets sexuels que devront devront devenir
les petites filles. La poupée Barbie participe activement à
l'éducation du genre féminin. éduquant la petite
fille selon un modèle, ET UN SEUL, de beauté. La poupée
Barbie est toute fine, élancée, elle porta longtemps
les cheveux blonds avec des yeux bleus et une peau blanche -le critère
de beauté des fachos- . On pourrait dire que maintenant, des
Barbie noires existent... Avez-vous bien regardé ? Sont-ce
réellement des Barbie noires ou ne sont-ce pas plutôt
des Barbie blanches à la peau noire ? Car si l'on y prête
attention, les traits et les cheveux sont restés sur le modèle
occidental... Blanc. Donc déjà la Barbie éduque
les goûts et les critères de beauté imposés
selon un principe fondamentalement raciste. Ensuite, la poupée
Barbie contribue au genre dit "féminin"; maquillée,
svelte, un bébé sur les bras avec le nécessaire
pour s'en occuper, vêtue d'une robe -parfois de mariage-, avoir
TOUJOURS L'AIR SOURIANTE, satisfaite de sa condition. Vendue avec
accessoires de beauté,
packaging barbouillé de rose, poitrine à la norme en
vigueur, bref, c'est un véritable conditionnement pour la jeune
fille; Elle doit se marier, être couverte de bijoux, être
riche, avoir un-e enfant, s'en occuper, être une femme, être
à la norme esthétique du moment... la jeune fille comprend
le message dans l'ordre: pour être une femme, elle doit se marier(avec
un homme, un blanc... Le fameux prince charmant: Ken ! ), avoir des
enfants, s'en occuper, rester "belle", maquillée,
et être couverte de diamants .
De
l'autre côté, nous avons le modèle masculin qui
vient compléter le travail (Ken, Big Jim, GI Joe ou Action
Man -notons ici l'association d'idées assez "intéressante":
"action" et "homme"). Ce garçon, nécessairement
pourvu de tablettes de chocolat et de pectoraux à la Schwarzenegger,
est un homme d'action -il ne peux donc pas avoir de poignées
d'amour-... Il porte les cheveux courts (car les cheveux longs, c'est
bien connu-e, c'est pour les filles). Il est donc blanc, comme sa
copine Barbie. Riche aussi, ou alors guerrier, avec plein d'armes
en accessoires et surtout FAIRE TOUT LE TEMPS LA GUEULE !!
Bref, les rôles sont distribuer. On est un homme est lorsque
l'on est riche, musclé et guerrier et pour une
femme lorsque l'on est belle, soumise au regard de l'homme, et que
l'on se soucie de son poids de son maquillage, de ses fringues et
que l'on est mariée.

"La
publicité est une manipulation mentale. Les publicitaires prétendent
moins vanter les qualités d'un produit que marquer les esprits;
le taux de réussite se mesurant en terme d'"impact".
Les investissements croissants pour imaginer des spots, des affiches,
des encarts dans la presse prouvent, de fait, que la pub possède
une efficacité et qu'elle influence réellement les achats
des consommatrices-eurs. Son but est de créer des liens émotionnels
avec sa "cible"; le "public
visé". Pour cela, la publicité adopte
des "stratégies" issues de travaux
sociologiques, psychologiques et scientifiques: elle rationalise la
manipulation des masses. Une affiche est étudiée pour
canaliser notre attention, le parcours que suit le regard étant
défini avant même que l'on ait posé les yeux dessus.
La force de la pub réside dans le fait qu'elle s'attaque à
notre inconscient, s'infiltre dans notre cerveau pour que nous gardions
en mémoire la marque Duschmoll. Mais, plus que le nom de la
société, ce sont les arguments publicitaires qui imprègnent
notre esprit. Par exemple, l'utilisation des femmes comme objets sexuels,
simplement posées comme une accroche pour l'oeil du spectateur
(et non de la spectatrice). Après tout, quoi de plus normal
que de voir les seins et les fesses d'une femme pour vanter les mérites
d'un yaourt ? Ce type de
publicité sous-entend que des seins pulpeux (il ne s'agît
pas d'une personne à part entière) peuvent être
achetés aussi facilement qu'un pot de yaourt. La publicité
ravale alors le corps des femmes au rang d'objets dont on peut disposer
moyennant une certaine somme. Le fait que ce ne soit pas réellement
le cas ne pose pas de problème: pour le consommateur, la frustration
de ne pas pouvoir acheter de seins sera reportée sur l'achat
des yaourts.
"impact",
"cible", "stratégie", "public visé"...
C'est d'ailleurs assez étrange de constater que les termes
publicitaires sont en réalité des termes militaires...
C'est un détail assez révélateur de l'esprit
de la pub... Nous sommes en guerre et l'ennemi, c'est les consommatriceurs,
que l'on assassine aussi, d'une certaine façon...
b) La beauté: un marché rentable (quelques chiffres)
-
Chiffre d'affaire des cosmétiques:
Procter
& Gamble: 8,7 milliards de dollars
L'Oréal:
7,5 milliard de dollars
Unilever:
6,2 milliards de dollars
La
France est le 1er exportateur de cosmétique.
-
Se refaire une beauté (aux Etats Unis, en 94):
51
000 liposuccions
39
240 gonflages mammaires
35
927 refaçonnages du nez
32
280 liftings faciaux
31
400 liftings fessiers
En
Europe, le marché de la chirurgie plastique représente
entre 158 et 216 millions de dollars
Miss
Brésil 2001 a subi 23 opérations de chirurgie esthétique
-
Poids:
7
millions d'Etats-uniennes souffrent d'anorexie
95
% des anorexiques et 90 % des boulimiques dans le monde sont des femmes
En
occident, les femmes sont stabilisées à environ 13%
au-dessous de leur poids naturel
En
2000, en France, les annonceurs de produits de toilette et de beauté
ont payé plus de 3,5 milliards de francs pour être diffusés
à la télé. L'Oréal a dépensé
en 99, 2,2 milliards de francs pour sa publicité.
c)
Le regard de l'homme
"Les
femmes sont amenées à trouver leur légitimation
à travers les hommes, et plus précisément à
travers celui avec qui l'existence est partagée. Ceci est rendu
possible par le mythe du Grand Amour, entretenu depuis la plus tendre
enfance des femmes. "Un jour viendra un prince charmant":
cette maxime résume l'idéal d'une soi-disant nature
féminine qui se réaliserait à travers l'union
l'homme qui lui serait destiné. Quelle aliénation !
Voir son existence personnelle subordonnée à celle d'une
autre personne,qui est, quant à elle, individuellement réalisée.
Or ce mythe du grand amour n'existe que très peu chez les hommes:
on recense bien plus la figure du séducteur, du Don Juan, qui
aligne les "conquêtes" amoureuses (à noter
le vocabulaire guerrier). Mais un tel comportement est bien sûr
déploré chez une femme, on la traite alors de "salope".
De tels concepts amoureux ont des conséquences notables sur
la construction sexuelle des individu-es. La rigidité des rôles
assignés aux hommes et aux femmes conditionne en grande partie
leur souffrance."
(extraits
cités recueillis dans No Pasaran Hors Série, Anti-patriarcat)
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